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Penser à la qualité, faire la promotion de l’innovation : Petits producteurs, qualité et co-innovation dans la filière ananas au Bénin.

Le vendredi 08 février 2013 a eu lieu à Cotonou précisément au chant d’oiseaux l’atelier international des acteurs dans la filière ananas. Étaient présents à cet atelier :

  •  Producteurs et organisations des producteurs d’ananas ;
  •  Commerçants, grossistes, transformateurs et exportateurs d’ananas ;
  •  Organisations industrielles ;
  •  Gouvernement ;
  •  ONGs et partenaires au développement ;
  •  Institutions de recherche et services de vulgarisation ;
  •  Organisations intermédiaires.

 Après la cérémonie d’ouverture prononcée par Hans MEENICK de agri-hub Bénin (http://apf-benin.ning.com/), du professeur Dr Joseph HOUNHOUIGAN de l’université d’Abomey Calavi, du professeur Dr Tiny van Boekel de l’université de Wageningen et du représentant de l’ambassade des Pays-Bas, le Dr Ousmane Coulibaly de l’Institut International de Technologie Agricole (IITA) a introduit en faisant une présentation sur la filière ananas au Bénin. Suite à sa présentation, les doctorants de l’université de Wageningen : M. Menouwesso HOUNHOUIGAN, M. Nicodème FASSINOU et M. Djalal ARINLOYE ont présenté respectivement : « Qualité le long de la filière ananas et dans la transformation de l’ananas », « Enjeux de l’amélioration de la qualité dans les systèmes de production de l’ananas » et « Renforcement de l’intégration des petits producteurs dans la filière ananas ». Aussi 04 groupes de travail ont été constitués afin de travailler sur les thèmes :

  • qualité à la production ;
  • Logistique et conditionnement ;
  • transformation et qualité des dérivés ;
  • accès aux marchés et TIC.

De cet atelier, il ressort que les superficies de production de l’ananas croissent chaque année par conséquent la production croit mais le rendement ne croit pas. Aussi les producteurs n’ont pas de contrat avec les transformateurs ce qui fait qu’ils connaissent des fois des pertes post-récoltes. La logistique pour assurer le transport n’est pas au point ce qui accroit la translucidité par conséquent entraine la réduction de la durée de conservation. Quoique, la pièce d’ananas coûte environ 4euros soit 2.600fcfa sur le marché européen notamment la France mais la part qui revient aux paysans est insignifiante et seulement 2% de la production nationale est exportée sur le marché européen. Bien que le marché européen soit disponible, les producteurs ne sont plus motivés à vendre aux exportateurs car ces derniers sont trop exigeants  or le marché voisin qui compte environ 150millions d’habitants et qui est situé à environ 80km de Cotonou n’en a pas et prend tout ce qui est produit (par jour environ 80 bachets de 2.5T à 3T vont au Nigéria). Dans une même plantation, on remarque une hétérogénéité des fruits due au non calibrage des rejets et à une mauvaise induction florale. Pour M. Christophe TOSSOU de l’Institut National de Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), les paysans ne sont pas prêts à prendre des rejets de première génération quoique 1ha d’ananas  soit 15fois plus rentable qu’un hectare de maïs. Aujourd’hui l’un des problèmes que connait le secteur, est la disponibilité de données fiables surtout à l’exportation car le Bénin dispose de plusieurs points d’entrée et de sortie avec ses voisins du Nigéria, du Togo, du Burkina-Faso et du Niger.

Le gouvernement aussi ne respecte pas la carte géographique du pays car on ne peut pas comprendre comment le gouvernement peut envoyer des cadres afin d’inciter la population à produire du coton dans la zone d’Allada qui est la zone de production de ce fruit a martelé l’un des producteurs qui regrette d’avoir fait du coton car ce dernier n’est pas rentable.

Aussi dans l’agriculture conventionnelle, l’on continue d’utiliser l’etephon or dans l’agriculture biologique, il n’y a aucun produit qui le remplace. De même pour la maladie du Wilt transmise par les cochenilles, il n’y a pas jusqu’à ce jour un produit qui puisse les éliminer. Il n’y a pas aussi au Bénin les intrants spécifiques pour la culture de l’ananas : « Nous utilisons ceux du coton » a martelé l’un des producteurs. Il arrive aussi que ces intrants ne soient pas disponibles à temps ou bien qu’ils soient disponibles, le producteur est incapable de s’en procurer à cause du coût. Alors ce dernier brade à vil prix sa production.

Par ailleurs, l’itinéraire technique pour la production de l’ananas au Bénin qu’utilisent les producteurs est celui de la Côte d’Ivoire. Sur ce point l’INRAB est vivement interpellé. Aujourd’hui dans la commune d’Allada (forte zone de production), le plus grand producteur est celui qui le fait sur au plus 5ha. Il n’y a plus d’espace au point où quelqu’un puisse disposer de 10 à 30ha. Ce qui ne favorise pas l’investissement à grand échelle. Mais chose paradoxale, les producteurs aussi petits soient-ils ne veulent pas s’accorder les violons afin de rester en coopérative ou groupement.

L’exportation de l’ananas dans la sous-région est aisée mais l’exportation par exemple de son jus n’est pas chose aisée. Pour Lucien LATE, secrétaire général de l’ANATRAB, le Nigeria exige tellement de documents au point où l’exportation du jus devient compliquée. Quant à l’export à l’international, l’Allemagne et la Hollande exigent le certificat Fairtrade ou/et Eurogap. Ce qui démotive les exportateurs. Pour pallier cela, le démarrage effectif des activités du Laboratoire Central de Contrôle de la Sécurité Sanitaire des Aliments est vivement souhaité. Car ce dernier pourra facilement délivrer des certificats à caractère national, sous régional et international.

La question de l’introduction des TIC n’a pas été occultée. Il y a par exemple le système proactif d’information commerciale (SPIC) qui est en cours de réalisation par la société Géoimages solutions (www.geoimagesolutions.com/) qui définit la carte d’identité des produits agricoles (de la fourche à la fourchette) que le consultant Hervé NANKPAN a rappelé; aussi la réalisation d’une plateforme reliant les producteurs aux marchés en cours d’élaboration par la société ESOKO avec les maraichers.

En conclusion, les producteurs continuent de vivre des problèmes récurrents à leur secteur à cause de l’inexistence d’organisation fiable avec laquelle l’Etat puisse échanger. « La béninoiserie » aidant, chacun veut rester dans son coin pour manger a martelé le représentant du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP). Pour le professeur Dr Joseph HOUNHOUIGAN, quand les producteurs finiront par avoir le dos au mur, ils décideront de s’unir pour le bonheur de tous car une seule hirondelle ne fait pas le printemps.

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