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L’EXODE RURAL ET L’AGRICULTURE

     Depuis quelques années, le Bénin est confronté aux problèmes de déplacement des enfants qui sont dans les zones rurales vers les pays tels que le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Gabon. Ces enfants qui partent souvent en quête de travail, fuyant leurs conditions de vie très précaires ici, ignorent tout de ce que sera leur nouvelle condition d’existence, mais l’essentiel est d’abord de partir pour échapper à la misère qui sévit sur place. Chaque année, on assiste à une véritable saignée dans les villages et à un véritable dépeuplement des écoles du fait que les enfants soient partis hors des frontières. Le phénomène est assez complexe puisque ce sont les jeunes, les aînés qui étaient partis du village en quête d’aventure et qui ont pu s’accomplir qui reviennent chercher leurs petits-frères pour les amener à leur tour. Ils travaillent pour économiser de l’argent qu’ils ramènent chez eux au bout d’une année ou deux pour y construire de petites habitations en dur. Certains reviennent avec des motos, des postes téléviseurs et d’autres biens matériels pour donner aux enfants le mirage et le goût de l’aventure.

Beaucoup d’enfants déjà frappés par la pauvreté quittent l’école pour être conduits sur des sites d’exploitation où ils vont être employés. Ils n’ont pas toujours la vie facile à destination. Loin du regard des parents et propulsés très vite dans un monde où les plus forts imposent leur loi, ils sont exploités dans des carrières ou des plantations dans des conditions très dures. Ils ne sont surtout pas rémunérés à la hauteur du travail qu’ils font, parce qu’étant des enfants, donc une main d’œuvre facile à exploiter, docile et soumise à leurs bourreaux.

Que les enfants travaillent ici ou ailleurs dans les plantations est un crime. La Convention de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) l’a même inscrit dans son article 182 en faisant état des pires formes de travail. La place des enfants est à l’école ou dans les centres d’apprentissage professionnels à partir de 14 ans. Certes, on peut retrouver des enfants qui travaillent circonstanciellement aux champs avec leurs parents. Ce cas est fréquent dans les pays où l’économie est essentiellement basée sur l’agriculture comme le nôtre. Les enfants sont alors souvent responsables de la garde du bétail et de petits travaux. Leurs activités incluent la participation aux récoltes, à la pêche, à la chasse. Toujours est-il que, quand ces enfants vont à l’école, l’absentéisme augmente lors des récoltes.

Une autre forme d’exode rural est la migration urbaine.

zemEn effet, il ne s’agit plus nécessairement de franchir les frontières, d’aller hors du territoire, parce que même à l’intérieur des pays, des migrations s’observent vers les grands centres urbains. On observe de plus en plus de départ de jeunes vers les bidonvilles. Il n’est plus aucun doute que le mirage de la ville attire un nombre croissant de ruraux et cet exode aura de fortes répercussions d’ordre social, économique et environnemental. La question qui se pose alors est de savoir pourquoi les jeunes pensent que le bonheur est partout sauf chez eux ? Pourquoi les jeunes pensent qu’ils ne peuvent s’accomplir qu’ailleurs ? Plusieurs raisons expliquent ce fait. Parmi elles :

  • La pauvreté, « raison majeure et omniprésente » qui limite beaucoup les possibilités économiques et professionnelles dans les zones rurales ;
  • Le désir des jeunes eux-mêmes de voyager et d’explorer.

Il n’est pas condamnable de voyager et de découvrir le monde, mais il faut se convaincre qu’on peut obtenir tout ce qu’on veut sur place si on se donne les moyens d’y arriver, si on croit en ses capacités. Il est question désormais d’agir sur les mentalités, d’amener les jeunes à se mobiliser autour d’activités qui les intéressent afin de développer leurs localités. Ensemble, ils peuvent créer de la richesse. Chaque jeune a donc l’obligation de travailler ou qu’il soit afin de hisser sa région au rang des grandes métropoles.

Pour endiguer ces phénomènes, investir dans le secteur agricole loin d’être une nécessité, c’est une urgence.

Pour y arriver, la tâche incombe en premier lieu aux gouvernants. Plus d’investissements publics dans l’agriculture et des politiques agricoles judicieuses aideraient à freiner l’exode rural et à maintenir les jeunes sur leurs terres. La croissance agricole a souvent aidé à réduire la pauvreté plus que tout autre secteur de l’économie. Ses effets spectaculaires sur la pauvreté et la faim ne se sont pas seulement fait sentir dans les zones rurales, mais aussi en milieu urbain. Mais pour ce fait, la production agricole doit passer d’un niveau de subsistance à un certain degré de commercialisation avant que l’insécurité alimentaire et la pauvreté n’en ressentent les bienfaits. Il devient important pour les pays en voie de développement de se tourner vers la production des cultures vivrières destinée à la consommation et non à l’exportation. Les populations n’ont plus à souffrir des affres de la faim alors qu’elles travaillent dur pour produire et ces cultures sont ni plus ni moins exportées et vendues sur un marché dont les prix sont fixés en avance par les occidentaux.
Mieux, il est aujourd’hui nécessaire de mécaniser l’agriculture. L’Etat béninois est peut-être sur la voie, mais de nombreux efforts restent à faire pour que chaque paysan aussi reculé qu’il soit dans son village puisse disposer d’outils modernisés pour maximiser ses rendements. C’est un défi. Sans oublier que l’Etat doit impérativement trouver des solutions palliatives aux subventions des productions européennes qui ruinent l’agriculture des pays en développement. Car lorsque les produits importés coûtent nettement moins chers que le local, les consommateurs n’ont pas d’autre choix que d’aller vers ce qui vient d’ailleurs. Dans ce cas, les producteurs sont désorientés.

Grâce à des politiques agricoles appropriées, on peut parvenir à réguler le rythme de l’exode rural et freiner le départ des jeunes. Ce qui aurait pour conséquence une baisse de la pollution, des embouteillages, de la criminalité et des maladies causés par des conditions de promiscuité extrême dont seules nos grandes villes ont le secret.

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