Bradage des terres agricoles au Bénin : le cri de détresse des paysans

Le phénomène de bradage des terres est une réalité au Bénin et les associations de paysans tirent la sonnette d’alarme. A travers l’émission dominicale ‘’débats actuels ‘’ de Golfe Télévision, certains représentants des associations défendant les intérêts des paysans se sont évertués à déplorer le phénomène.

« L’accaparement des terres du Bénin : quelles conséquences pour la souveraineté alimentaire ? », c’est le thème de l’émission hebdomadaire du dimanche 5 février 2011. Étaient invités Simon Bodéa, secrétaire général de Synergie paysanne et Patrice Sagbo trésorier général « Ginuku », tous font partie de l’Alliance pour un code foncier et domanial.

D’entrée de jeu, les deux invités ont dénoncé l’achat massif de terres agricoles par des individus et des multinationales étrangères. Pour Patrice Sagbo, il y a un projet chinois de production de bioéthanol à Savè alors même que les véhicules sensés utiliser ce carburant ne sont pas encore au Bénin. Et selon lui, ce projet a même été lancé par le ministre de l’énergie et de l’eau. Il dénonce le fait que les populations manquent déjà d’eau, (il donne le cas d’un reportage diffusé sur une chaine de télévision où des populations de Nikki sont en manque d’eau lors de la fête de la Gaani) et au même moment on va utiliser cette eau pour produire du bioéthanol pour les autres. Toujours selon Sagbo, les paysans veulent d’abord manger.

Quant à Simon Bodéa, s’il faut arriver à l’autosuffisance alimentaire à travers la révolution verte dans notre pays, il faut le faire avec les paysans béninois. Pour lui, les activités des paysans sont importantes du moment où ils sont arrivés jusqu’à présent à nourrir le peuple béninois. Il a également dénoncé l’introduction progressive des semences dites améliorées qui maintiennent le paysan dans une dépendance qui ne dit pas son nom.
Au sujet de l’accaparement des terres agricoles, le trésorier général de Ginuku a laissé entendre que le phénomène est tellement inquiétant que le chef de l’Etat qui fait de l’agriculture une priorité n’aura même plus de terres pour ‘’son agriculture’’. Il a également dénoncé les titres fonciers qui sont actuellement délivrés sur des terres agricoles.

Pour l’autre invité qui n’est autre que Simon Bodéa, une étude menée montre que 45% des terres sont bradées à Djidja. Et le phénomène est presque identique dans les autres communes. « Les gens achètent les terres mais ne les exploitent pas. Notre pays court un risque et cela peut mener à une instabilité nationale » a-t-il renchéri. Les défenseurs des paysans se posent la question de savoir ce que va faire un seul individu avec plus de 1000 hectares qu’il achète ?
Selon le nouveau projet du code foncier actuellement sur la table des députés au parlement, un seul individu ne peut pas acheter plus de 50 hectares et un groupe, pas plus de 100. En dépit des dispositions positives de ce code, les invités de Golfe Tv estiment que les honorables députés doivent apporter des corrections à certains articles qui ne sont pas de nature à sauvegarder les intérêts des paysans.

Les sieurs Simon Bodéa et Patrice Sagbo se sont faits les portes voix des paysans qui sont aujourd’hui confrontés au phénomène de bradage de terres et sont désemparés.

Source: http://lautrefraternite.com

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